Face aux défis écologiques, sociaux et économiques une question se pose : comment construire des environnements urbains qui soient durables, résilients et pratiques ?
Le biomimétisme s’inspire des mécanismes et des processus naturels pour concevoir des solutions innovantes et pourrait bien être une réponse à cette question !
Dans cet article, découvrons comment le biomimétisme urbain est en train de révolutionner l’urbanisme contemporain, en s’appuyant sur des exemples et des initiatives intéressantes.
Comprendre le biomimétisme
Si la nature s’est adapté depuis des millions d’années d’évolution, nous pouvons bien en tirer quelques conseils… Le biomimétisme consiste donc justement à observer et imiter des stratégies naturelles. Appliquées à l’urbanisme, ces stratégies sont pensées pour rendre les villes plus résiliantes.
L’idée est souvent de créer des environnements urbains qui fonctionnent en harmonie avec les écosystèmes naturels plutôt que de les perturber. Cela peut se traduire par des bâtiments qui régulent naturellement leur température, des systèmes de gestion de l’eau inspirés par les cycles naturels, ou encore des infrastructures qui favorisent la biodiversité.
Ceebios, le Centre d’Études et d’Expertise en Biomimétisme, joue un rôle clé dans la promotion et la diffusion de ce concept en France. Ceebios travaille en étroite collaboration avec des chercheurs, des urbanistes, des architectes et des décideurs politiques pour intégrer les principes du biomimétisme dans la conception urbaine. Leur approche est basée sur l’idée que la nature, par son intelligence et sa capacité d’adaptation, peut nous offrir des solutions durables et efficaces pour les défis urbains.
Des exemples d’application inspirés par la nature
Gestion durable de l’eau
L’une des premières applications du biomimétisme dans l’urbanisme est la gestion durable de l’eau. Les villes sont confrontées à des problèmes de gestion des eaux pluviales, d’inondations et de sécheresse, exacerbés par le changement climatique. Le biomimétisme propose des solutions basées sur l’observation des écosystèmes naturels qui régulent efficacement l’eau.
Par exemple, le projet L’Estran à Biarritz est un exemple de biomimétisme à l’échelle d’un bâtiment. Ce projet ambitieux d’un toit liquide imite les différentes zones d’un littoral. Entre réservoir des eaux de pluie et phytoépuration (dépollution par les plantes), le bâtiment récolte les eaux grises les purifie et les redistribue.
Climatisation naturelle
Le Eastgate Centre à Harare, au Zimbabwe, est un complexe de bureaux et de commerces conçu par l’architecte Mick Pearce. Ce bâtiment utilise un système de ventilation naturelle inspiré des termitières africaines. Les termites construisent des monticules qui maintiennent une température constante malgré les variations extrêmes de température extérieure ! Les termitières, par un système de grande cheminée verticale, se refroidissent en faisant passer l’air frais de la nuit dans un canal profond et froid. Ensuite, l’air chaud remonte et est chassé par des évacuations plus hautes. Le bâtiment utilise 48 cheminées de ventilation pour évacuer cet air chaud et introduire de l’air frais. Le Eastgate Center consomme alors 90% de moins d’énergie que la moyenne !
Des matériaux inspirés par la nature
La consommation d’énergie dans les villes est un autre domaine où le biomimétisme peut apporter des solutions innovantes. Certains organismes régulent leur température selon différents mécanismes qu’il est possible de copier pour concevoir des bâtiments plus durables énergétiquement. Par exemple, en s’inspirant des mécanismes de régulation de la chaleur des éléphants, des chercheurs ont développé des tuiles inspirées de leur peau.
Et c’est à partir de la texture de cette peau que des panneaux muraux à base de mycélium (partie souterraine du champignon) sont fabriqués. D’après la société biosea.sg qui développe cette innovation, ces panneaux seraient économiques et de bons isolants thermiques, pour un rafraîchissement efficace des bâtiments.
Défis et perspectives
L’urbanisme biomimétique ne se limite pas à des interventions ponctuelles mais vise à transformer l’ensemble de la ville en un écosystème intégré. Cette approche encourage la collaboration entre les différents acteurs de la ville; urbanistes, architectes, ingénieurs, décideurs politiques, et citoyens pour créer des environnements urbains qui fonctionnent comme des écosystèmes naturels.
L’un des principaux défis est d’adopter une approche systémique qui intègre pleinement les principes du biomimétisme dans la planification urbaine. Cela nécessite une formation adéquate pour les professionnels de l’urbanisme, ainsi qu’une sensibilisation accrue du public aux avantages de cette approche.
De plus, l’application du biomimétisme urbain à grande échelle nécessite des investissements significatifs en recherche et développement. Il faut être prêt à soutenir des projets innovants qui peuvent initialement sembler risqués ou coûteux, mais qui offrent des avantages considérables à long terme.
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